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Bassem Youssef, une ironie grinçante sur le conflit Israël-Hamas

« C’est lassant à la fin. Ces Palestiniens en font toujours trop, répétant qu’Israël veut les tuer. Mais ils ne meurent jamais. Ils reviennent toujours. Ce sont des gens très difficiles à éliminer. Je suis bien placé pour le savoir, car je suis marié à une Palestinienne. J’ai beau avoir essayé plusieurs fois, je n’ai jamais réussi à la tuer », lance Bassem Youssef, le 17 octobre, dans l’émission « Piers Morgan Uncensored », sur la chaîne britannique TalkTV. Il ajoute : « Elle se sert de nos enfants comme boucliers humains. » L’ironie grinçante de l’humoriste parvient à peine à arracher un sourire gêné au journaliste Piers Morgan.
Comment rire en pleine guerre d’Israël contre le Hamas ? L’humoriste égyptien de 49 ans, qui vit à Los Angeles, choisit l’absurde pour dénoncer les bombardements massifs de l’armée israélienne sur Gaza. Interrogé sur la proportionnalité de cette réponse, il brandit un tableau recensant les morts dans chaque camp lors des précédentes guerres et compare ces chiffres tragiques aux fluctuations de cryptomonnaies. « Quel est le cours actuel d’une vie humaine ? », s’interroge Bassem Youssef, les bras croisés et les yeux écarquillés dans une grimace comique.
En quelques jours, la vidéo est devenue virale : elle a été visionnée plus de 21 millions de fois rien que sur YouTube. « Au Proche-Orient, la cause palestinienne est un facteur d’unité malgré les divisions politiques, explique Maha Nagy, l’ancienne agente de Bassem Youssef qui a travaillé pendant cinq ans avec lui au Caire. Le thème est explosif. Bassem est capable avec ses propres mots d’exprimer la frustration de tout le monde arabe face au discours dominant dans les médias occidentaux sur le conflit israélo-palestinien. » La séquence relance sur le devant de la scène l’humoriste aux yeux bleus et à la gouaille ravageuse, qui avait fait ses premiers pas en Egypte.
M Le magazine du Monde a choisi le rire comme fil conducteur pour son numéro de fin d’année. En treize épisodes, retrouvez ces portraits, reportages ou enquêtes sur le pouvoir de l’humour.
Episode 1 : Mohammed Amer, il était une fois un Palestinien en Amérique
Episode 2 : Blanche Gardin, les humoristes après elle
Episode 3 : Waly Dia, fine lame de la vanne politique
Episode 4 : Grandpamini, l’art de la couverture satirique
Episode 5 : Bassem Youssef, une ironie grinçante sur le conflit Israël-Hamas
Episode 6 : En Israël, les humoristes répondent à l’appel
Episode 7 : Les humoristes chinois ne plaisantent pas avec la censure
Episode 8 : Au Québec, l’humour inclusif, ça s’apprend
Episode 9 : Vous avez demandé Pierre La Police, ne quittez pas
Episode 10 : « J’étais en train de leur expliquer que quand je t’ai rencontrée, tu étais la plus grande pétomane de France »
Episode 11 : L’humour ne serait plus ce qu’il était ou le mythe du « c’était mieux avant »
Episode 12 : En Ukraine, le rire comme gilet pare-balles
Episode 13 : Blaguer pour alerter, le nouveau mode d’action des militants écolos
Il s’est fait connaître en 2011 dans le sillage des manifestations qui ont entraîné la chute du régime du président Hosni Moubarak. Issu du quartier huppé de Zamalek, au Caire, fils d’un juge et d’une professeure, Bassem Youssef, qui a alors 37 ans, est à cette époque cardiologue. Il participe à l’évacuation des blessés depuis la place Tahrir assaillie par les forces de police. Quelques jours plus tard, il troque sa blouse blanche pour un costume de présentateur parodique. Avec quelques amis, il lance une chaîne YouTube, baptisée le « B + », qui singe les émissions diffusées par les médias d’Etat. Ses seuls-en-scène de cinq minutes, tournés dans sa buanderie, connaissent un succès fulgurant.
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