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L’Europe importe toujours des produits issus du travail forcé des Ouïgours

« Une quantité substantielle de vêtements fabriqués par des Ouïgours subissant le travail forcé est introduite dans l’Union européenne [UE] sans restriction. » Telle est la principale conclusion d’un nouveau rapport, publié mercredi 6 décembre par l’université de Sheffield Hallam (Royaume-Uni), le Uyghur Rights Monitor et le Uyghur Center for Democracy and Human Rights, commandé par le groupe socialiste du Parlement européen. En effet, pas moins d’une quarantaine de grandes marques occidentales d’habillement « présentent un risque élevé d’approvisionnement en vêtements fabriqués par des Ouïgours soumis au travail forcé », explique au Monde Yalkun Uluyol, le principal auteur du rapport.
Parmi elles figurent les enseignes Zara, Oysho, Pull & Bear et Massimo Dutti détenues par le groupe espagnol Inditex, numéro un mondial de l’habillement, mais aussi des marques de luxe telles que Burberry, Calvin Klein Europe, Prada, Ralph Lauren, Hugo Boss et Max Mara ainsi que Guess, Helly Hansen, H&M, Levi’s, Mango, Marks and Spencer, Next, Primark et les marques de sport Adidas, Decathlon, Nike ou Puma.
« Compte tenu de l’ampleur des transferts de main-d’œuvre [ouïgoure] imposés par l’Etat chinois et des centres de détention dans la région du Xinjiang, poursuit-il, nous pouvons affirmer que presque tous les secteurs qui s’approvisionnent directement ou indirectement dans la région ouïgoure courent un risque élevé d’exposition au travail forcé. »
Pour arriver à nommer l’ensemble de ces marques, les chercheurs de l’université de Sheffield Hallam ont mené une démarche plutôt inhabituelle, relève Raphaël Glucksmann, l’eurodéputé (Place publique) à l’initiative de ce rapport. « Habituellement, nous partons des marques internationales pour évaluer leur exposition au travail forcé en remontant leur chaîne de fournisseurs. Dans ce rapport, la démarche était inverse, la structure productive chinoise a été disséquée, avec ses multiples intermédiaires, afin d’identifier les marques clientes. »
Les auteurs de l’étude n’ont pu quantifier le volume potentiel de ces importations qui seraient liées au travail forcé, car « les chaînes d’approvisionnement sont complexes, les données sont limitées », reprend M. Uluyol. « Au fil du temps, il y a de moins en moins de transparence. Les résultats de cette étude reposent sur des données douanières de pays tiers comme le Vietnam ou le Sri Lanka, car ni l’Europe ni la Chine ne les publient. En nous concentrant sur les pratiques de quatre fabricants installés en Chine, et sur leurs liens directs ou indirects avec le marché de l’UE, nous avons pu identifier ces marques internationales. »
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